La culture au naturel




Quand j'étais petite, ma mère nous emmenait dans les forêts, au bord des rivières, sur les plages...et on "faisait des sacs" pour pouvoir cultiver nos fleurs et nos légumes. Elle faisait comme sa mère, ma éMémé Dada" (experte en chevaux) qui avait un potager magnifique, un peu en pente. L'engrais, c'était le fumier des chevaux, et parfois des volailles... Et pour la sécheresse ? Et bien, on paillait !



50 ans après, je fais toujours "des sacs" pour mon jardin.
Des sacs de "varech" disait ma mère. En fait, ce sont toutes les algues arrachées par les grands vents et qu'on peut retrouver sur les plages. Par chance, il peut y avoir aussi de la pierre ponce. Dans ma terre 100% argile, c'est merveilleux ! L'humidité reste, la terre est plus légère.





Je ramasse aussi les tontes fraiches, les sacs de feuilles...
les volailles participent
Tout cela fait un tour par le poulailler et devient rapidement un humus très "appétissant".




J'ajoute du sable, du crottin. Ma petite "forêt"me fournit du bois pourri : un régal! Et je récolte aussi la bourre de coco, le tapa des palmiers...
Et ma terre dite "stérile", "mauvaise" produit en abondance !




Rapidement, j'ai pu récolter du curcuma, des gingembres, du manioc, des patates... Et maintenant, j'en suis aux salades (laiteron, roquettes, pissenlits...). Les citrouilles et concombres sont venus assez vite.
L'innovation cette années ce sont les racines : carottes, betteraves... Un rêve qui se réalise !
Jamais je n'ai jeté sur les bords des routes (pratique généralisée ici, en Nouvelle Calédonie) tous mes déchets verts. Bien au contraire, je les garde précieusement. Les troncs, les brindilles, les feuilles mortes... tout, absolument tout concourent à l'abondance dans mon jardin !

avoir toujours du couvre sol


En 1987, j'ai passé un an en France, et j'ai fait mon champ, comme ma mère me l'avait appris. Il se trouve que mon voisin était "l'ingénieur en jardin" du village. Jardin au carré, allées tirées au cordon, pas un insecte, pas une "mauvaise herbe"... Moi, je ne sais pas ce que c'est "une mauvaise herbe".
J'ai fait la risée du village : "tu fais un cimetière, avec tes tombes !" Pourtant, je les trouvais jolies, moi, mes planches. Ma mère appelait ça des "planches", mais c'est vrai que ça ressemblait un peu à des tombes pour géants... Il a beaucoup plu cette année là, et j'ai été la seule à récolter. J'ai pu fournir en légumes tous mes voisins...


les salades sont protégées ! 



Je viens de découvrir que beaucoup de gens s'intéressent maintenant à ce type de culture. Et je découvre des mots savants : permaculture, agroécologie, BRF, TSL, biodynamie, buttes de Forer... Des gens participent à des stages de culture naturelle, d'autres s'informent jour après jour des travaux à faire, du calendrier lunaire...  Comme autrefois, les hommes recherchent l'harmonie avec la nature, les éléments et les agriculteurs deviennent philosophes... Il est devenu indécent de laisser  la terre à nue. La sagesse populaire retrouve sa place.
C'est un vrai plaisir !
BRF : bois raméal fragmenté
TSL : travaux sans labour
permaculture : culture respectueuse, écologique, utilisant les savoirs anciens

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